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TECHNOLOGISATION DE LA VIE ET RESPONSABILITÉ HUMAINE : JUSQU’OÙ PEUT ALLER LA MONDIALISATION ?

Auteur(s)

Thaddée Kumakinga Kwakombe
Institut Supérieur de Commerce de Kinshasa

Mots-clés

mondialisation, auto-projection, technologisation .

Résumé

Pour beaucoup, et c’est aussi notre avis, la mondialisation actuelle, malgré ses avancées technologiques et communicationnelles, rime avec conflits, terreur, impérialisme, ruse et matérialisme. Elle crée une sorte de chape où les personnes vivent dans des stress permanents issus de l’incertitude de l’avenir, de l’anxiété face à la peur de ne plus se retrouver et de tout perdre du jour au lendemain.[ Cf. J. ADDA, La mondialisation de l’économie, p.97-113 parle de globalisation financière et d’instabilité monétaire : D. COHEN, op.cit., p.133-136 insiste sur la mondialisation triste : E. FOUGIER, Dictionnaire analytique, principalement p.161-172 montre les méfaits du néolibéralisme avant de proposer, aux p.173184, la possibilité d’un autre monde, d’un nouvel ordre économique global qui présente une autre vision du développement.]

Dans ce contexte, l’homme perd confiance en lui-même. Il ne croit plus forcément en ses capacités de représenter à lui-même une valeur. L’être est supplanté par l’avoir et le paraître. L’homme est considéré, par rapport à sa fortune, à son prestige et au degré d’audience suscité par son influence médiatique, politique et/ou sociale. Il arrive à se réfugier dans une tour d’ivoire (comme dans une sorte de bulle opaque), s’enfermant dans une zone de sécurité excluant d’autres personnes qui, matériellement, ne pourront pas lui apporter grand- chose. Grâce aux nouvelles technologies, il peut contrôler ce qui lui appartient, le gérer et même le faire fructifier, dans le sens d’en tirer profit. Captif de cette illusion narcissique d’autosuffisance, d’autocontrôle et ‘d’auto-projection’, il se fie plus à la machine qu’à la personne humaine. Cette réflexion vise à ce que la ...

Références

Cf. J. ADDA, La mondialisation de l’économie, p.97-113 parle de globalisation financière et d’instabilité monétaire : D. COHEN, op.cit., p.133-136 insiste sur la mondialisation triste : E. FOUGIER, Dictionnaire analytique, principalement p.161-172 montre les méfaits du néolibéralisme avant de proposer, aux p.173184, la possibilité d’un autre monde, d’un nouvel ordre économique global qui présente une autre vision du développement.

Cf. J. GADREY, Adieu la croissance. Bien vivre dans un monde solidaire, 3ème éd., (Alternatives Economiques), Paris, Les Petits matins, 2014, p.69-72 revient sur cet isolement qu’entraîne la société de consommation actuelle où la publicité et le marketing deviennent des arts et des stratégies incontournables.

D. COHEN, o.c., p.159.

A. MATTELART, Diversité culturelle et mondialisation, p.76-81 parle des pièges du relativisme culturel où les médias suppriment le rapport de domination à la télé, où le marketing fait voir que « la culture américaine » est assumée comme « un ‘opérateur d’universalisation’, au motif que chaque culture peut parfaitement s’y retrouver et s’y définir sans y perdre son âme en la faisant sienne. Feu l’impérialisme culturel. Vive la globalisation ! ». C’est une manière sournoise, mais puissante d’exercer une hégémonie culturelle et une violence symbolique.

B. SESBOÜE, L’homme, merveille de Dieu. Essai d’anthropologie christologique, Paris, Salvador, 2015, p.274.

C. GRATALOUP, Faut-il penser autrement l’histoire du monde ? Paris, Armand Colin, 2014, p.44-45.

B. SESBOÃœE, o.c., p.289.

J. GADREY, o.c., p.69.

A. MATTELART, Diversité culturelle, p.76, parle de la consommation comme d’un logo qui peut inhiber la pensée. Ce qui est cruel, c’est l’imposition de certaines chaines et de certains programmes dans certains pays contre la politique éducative et d’encadrement des autorités locales. Ce point ne rejoint pas totalement le point de vue de Baudouin Dupret qui sous-entend que ‘celui qui allume son téléviseur et fait le choix d’une chaine n’est pas ignorant de ce

Cf. C. ROUX, S’engager pour une culture de vie, dans www.ktotv.com/video/.../sengager-pour-une-culture-de-vie-par-caroline-roux, consulté le 21/10/2016, à 11h57.

D. COHEN, o.c., p.157.

Cf. JEAN-PAUL II, Veritatis Splendor, 4 rappelle que la liberté humaine doit toujours avoir une relation nécessaire et constitutive à la vérité. Et le numéro 31 de cette même encyclique d’insister sur le fait que le bénéfice de cette relation constitutive fonde « la revendication de la possibilité pour l’homme ‹d’agir en vertu de ses propres options et en toute libre responsabilité, non pas sous la pression d’une contrainte, mais guidé par la conscience de son devoir’ ». Ce devoir est à comprendre comme responsabilité, une ‹socio-sophie’ au sens où ‘la liberté du chrétien sort de l’espace limité de l’individualisme, du rapport solitaire avec Dieu pour devenir engagement et service’. Cf. G. CAMPANINI, Liberté chrétienne, dans S. DE FIORES et T. GOFFI (dir), Dictionnaire de la vie spirituelle, p.630, col.1.

Cf. JEAN-PAUL II, Sollicitudo Rei Socialis, 25 où il nous invite à faire attention aux publicités qui vont à l’encontre du vécu et du milieu culturel des personnes visées.

W. KASPER, LM, p.179-200.

Ib., p.200.

BENOIT XVI, SS, 25.

W. KASPER, Où bat le cœur de la foi, p.292.

Cf. A. CHARRON, L’indifférence religieuse, dans R. LATOURELLE et R.

FISICHELLA (dir), Dictionnaire de théologie fondamentale, p.635, col.1.

FRANCOIS, (pape), LS, 189.

Cf. SHIMBA Banza, Guérison et salut, dans Repenser le salut chrétien dans le contexte africain, p.274.

L’exemple du blocage, fut-il temporaire, par le gouvernement Wallon en octobre 2016, de la signature du CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), ce vaste accord commercial négocié depuis 2009 entre le Canada et l’Union Européenne peut être cité comme un cas typique de refus de la mort et de la soumission des multinationales qui veulent s’imposer sur les Etats.

FRANCOIS, EG, 52-53.

MESSI Metogo, Le salut dans l’Afrique d’aujourd’hui. Perspectives christologiques, dans Repenser le salut chrétien dans le contexte africain, p.151.Dans le même sens, Bernard Sesboüe, L’homme, merveille de Dieu, p.283, affirme aussi que « l’homme n’est donc pas une monade. Dans le dessein de Dieu la vocation des hommes est éminemment communautaire ».

B. SESBOÜE, L’homme, merveille de Dieu, p.264.

W. KASPER, Serviteur de la joie, p.97.

BENOIT XVI, SS, 10.